Un Armentiérois méconnu

Un Armentiérois méconnu

Lorsqu’on pénètre dans le narthex de l’église d’Armentières, on devine, dans la pénombre, une plaque tombale, scellée sur la paroi de droite.

pierre tombale

  Cette stèle porte un nom, que peu d’Armentiérois ont en mémoire. Pourtant ce nom,  on le retrouve sur les cartes d’état major :  au nord de la Coulommière, une parcelle s’appelle le « Bois Dupré ». 
De plus, nous sommes nombreux  à avoir eu entre nos doigts une reproduction d’une oeuvre de cet artiste.

Augustin Dupré était en effet graveur, et quel graveur !…  
De 1791 à 1803, il fut graveur général des monnaies de France.

C’est sous son ciseau qu’est née l’effigie  que la République appellera Marianne : « La Liberté au bonnet » An IV / 1795-1796.  
C’est la première fois que l’on associe la tête de la République et le bonnet phrygien.

liberte

Il est né en 1748 à Saint Etienne, où son père était maître cordonnier. A vingt ans, après un apprentissage à la manufacture d’armes, il se rend à Lyon où il acquiert la maîtrise de son art puis « monte » à Paris où il se lie d’amitié avec Louis David. 
Bien vite la notoriété lui vient.

En 1783, Benjamin Franklin lui confie l’exécution de l’importante médaille de la Liberté Américaine.

Augustin Dupré est chargé par la Convention nationale d’organiser la réforme monétaire.  
L’esprit de de la Révolution inspire Augustin Dupré dans l’étude et l’exécution des médailles et des pièces de monnaie qu’il crée.

genie   hercule
 

Le Premier Consul, Napoléon Bonaparte, le démet de ses fonctions. Dès lors, le graveur est écarté de la Monnaie, des Médailles et des honneurs. 

En 1793, il acquiert une vaste propriété à Armentières  : l’ ancienne maison de plaisance des archevêques de Paris déclarée bien national, le château dit de la « Dame Blanche »..

dame blanche

C’est là qu’il apprend, à plus de quatre-vingts ans que, grâce à l’amitié que lui ont conservée Lafayette et David d’Anger, la Légion d’Honneur vient de lui être accordée par Louis XVIII . 

Il mourra quelques années plus tard, en 1833 et sera inhumé, selon son désir, sur la « Grande Île », en face de son domaine. Ses restes furent transférés par la suite dans le cimetière communal qui jouxtait l’Eglise. Seule ne reste maintenant que cette pierre « tombale », comportant d’ailleurs une erreur dans la date de sa mort : 30 janvier 1843.

Autre clin d’oeil de l’histoire : cet homme, que rien ne semblait rattacher à l’église est le seul à avoir sa stèle dans ce lieu consacré.  

Médaille exécutée par David d’Angers en 1833

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