L’école et son histoire

A la fin du siècle dernier (je parle du XIXème) , il avait été demandé aux instituteurs d’établir une monographie sur l’école, le village où ils enseignaient. Monsieur Nicolas était en poste à Armentières depuis 1886. C’est son manuscrit que j’ai recopié et mis en ligne.

 Ecole-Mairie

Dans la partie historique, il s’est beaucoup inspiré de M.L. Benoist, Membre de la Société d’archéologie de Seine et Marne qui a publié une « Notice historique et statistique sur Armentières » en 1888.

 

Notice géographique Histoire de l’enseignement Histoire locale Les locaux affectés à l’enseignement depuis 1789

Notice géographique.

Origine – Armentières dont le nom signifie pâturage est un ancien village qui paraît exister depuis les temps les plus reculés de notre histoire car l’on a trouvé, en construisant le chemin vicinal d’Armentières à Meaux , des sépultures remontant à une époque antérieure aux invasions normandes, et près d’Isles, nombre d’armures gauloises. La commune est composée de deux hameaux formant deux sections électorales, celui d’Armentières et le hameau d’Isles-les-Meldeuses dont la réunion se fit en 1790, et distants l’un de l’autre de 3 kilomètres. Armentières faisait autrefois partie de la Brie française, du baillage de Meaux et de la généralité de Paris, il appartient aujourd’hui au canton de Lizy-sur-Ourcq, de l’arrondissement de Meaux, du département de Seine et Marne. La distance au chef-lieu de canton est de 7 kilomètres, au chef-lieu d’arrondissement de 12 kilomètres et au chef-lieu du département de 67 kilomètres.

Superficie – Le territoire a une superficie de 1421 hectares.

Bornes – La commune d’Armentières est limitée au nord, à l’est et au sud par la rivière de Marne, à l’ouest par les territoires de Germigny-l’Evêque et de Trilport.

Population – La population est en 1888 de 497 hab., dont 277 à Isles. Elle était de 510 hab. en 1876, de 549 hab. en 1856, de 580 hab. en 1820. Chaque dénombrement accuse une diminution sensible de la population dont les causes peuvent être attribuées à la médiocrité du sol dont une partie n’est pas cultivée par la faute du propriétaire d’une des fermes qui, cédant à de mauvaises inspirations et mal conseillé, s’obstine à la laisser en friches.

Voies de communication – Armentières est desservi par la ligne du chemin de fer de l’Est stations de Changis et de Trilport, éloignées l’une de l’autre de 6 kilomètres, par le chemin de grande communication N° 17 de Trilport à Gandelu, par une annexe de ce chemin qui relie les deux sections et par le chemin vicinal N° 3 qui va d’Armentières à la route Nationale N° 3 de Paris à Metz. Isles possède un bureau télégraphique ouvert aux dépêches privées, établi pour le service de la navigation de la Marne, et dont profite le public. Il est grandement question d’établir une gare ou une halte à Isles lors de la construction de la ligne de chemin de fer de Trilport à La Ferté Milon, dont le projet est à l’étude depuis plusieurs années : on annonce cette construction comme imminente. Puisse-t-elle bientôt se réaliser , dans l’intérêt, je crois, d’Armentières ! Trilport est le bureau de poste qui dessert la commune.

Altitude – Le point le plus culminant de la commune est le château des Bruyères, de la section d’Isles, appartenant à Monsieur Paul Londe, et dont l’altitude est de 114 m. tandis que celle d’Armentières n’est que de 48 mètres.

Bois – Une partie du territoire 350 hectares environ, est occupée par des bois dont les principales essences sont : le chêne, le charme, le hêtre et le bouleau.

Travaux d’art – Sur le territoire d’Armentières se trouve un tunnel de 496 m. de long dont l’exécution a été des plus longues et des plus difficiles, vu la nature du terrain composé de pierres calcaires et d’une sorte de pierre de taille fort dure dite « pierre d’Armentières ». On remarque aussi pour le passage de la ligne ferrée un viaduc dont on a émis plusieurs fois des doutes sur la parfaite solidité. Deux carrières ont été exploitées pendant de longues années ; elles sont aujourd’hui complètement abandonnées. la carrière d’Armentières, achetée par la compagnie des Chemins de fer de l’Est a été rebouchée en 1887 par les soins de cette même Compagnie, celle d’Isles est utilisée pour la culture des champignons.

Nature du sol – La nature du terrain est généralement sablonneuse, au moins dans la partie septentrionale du territoire, section d’Isles, et au centre de la section d’Armentières. Les bords de la Marne, formés de terres d’alluvion, présentent la partie le plus fertile de la commune et sont d’un rendement ordinaire, quant au reste du territoire, la fertilité en est fort médiocre. On récolte le seigle, le blé, l’avoine, les pommes de terre, beaucoup de carottes et de navets qui sont d’un excellent produit. les vignes ont entièrement disparu et les arbres fruitiers sont en petite quantité.

On fait à Armentières fort peu d’élevage du bétail contrairement à ce que donne à penser l’étymologie du nom de la commune ; c’est qu’il n’existe plus de pâturages. Cependant les habitants ont généralement une ou plusieurs vaches qu’ils nourrissent à l’étable et dont la plus forte partie des produits s’écoule au marché de Meaux sous forme de fromages, et une assez grande quantité de volailles qui servent à l’alimentation du ménage et dont le surplus prend également le chemin du marché. On compte à Armentières environ 70 chevaux, 160 vaches, 1 000 moutons, 1 600 volailles et 50 ruches d’abeilles.

Peu ou point de commerce et encore moins d’industrie, si ce n’est celle des fromages à pâte grasse, dits de Brie, dont la production annuelle demande environ 2 000 hct. de lait donnant 50 000 kil. de fromages dont le prix moyen ne dépasse guère 0F,80 le kilogr. 

Production moyenne des récoltes.
Blé………………………………………..3 000 hectol.
Seigle………………………………………2 000
Avoine…………………………………….3 000
Pommes de terre……………………….4 000 quintaux
Betteraves……………………………….20 000
Luzerne……………………………………4 000

Carottes………………………………….15 000
Navets …………………………………..10 000
fromages………………………………..50 000 kilogs.

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Histoire de l’enseignement

Il est difficile de préciser ce qu’était l’enseignement primaire à Armentières avant 1789 puisque les archives de la commune sont d’une pauvreté telle que le premier maître d’école dont il puisse être sérieusement fait mention ne paraît avoir existé seulement qu’en l’année 1796. Cependant en compulsant les registres de la paroisse dont le plus ancien est de 1639, et en attribuant la dénomination de clerc paroissial au maître d’école de l’époque, soit laïque, soit ecclésiastique car l’enseignement était souvent donné par des prêtres, j’ai trouvé un sieur Jean Baptiste Cousin clerc paroissial à Isles, mentionné en l’acte mortuaire du 15 septembre 1724. ce moment également consigné en d’autres actes postérieurs , ainsi que celui de Louis Cousin, époux de Marguerite Maréchal, fils ou parent du précédent, clerc paroissial à Armentières. Ces mêmes noms se retrouvent tous deux en l’acte de décès de leur aïeul, Jean Baptiste Cousin décédé le 22 ami 1742, puis en 1744, 1746, 1755, pour disparaître en 1757. Quand Jean Baptiste et Louis Cousin, dit Monsieur Benoist, conseiller général du canton de Lizy sur Ourcq, dans sa notice sur Armentières, le curé Saint Mars, prêtre instruit et plein de dévouement se mit à apprendre aux enfants à lire et à écrire, et continua jusqu’à sa mort. Louis Adrien Leredda remplaça Louis Cousin à Armentières, en 1757 ; puis en 1765 vint Jean Louis Tarête, natif de Poincy, avec le curé Beaudry de joyeuse mémoire en 1769, ce fut Jacques Velu, et enfin en 1796, Noblin Hubert portant la qualification précise de maître d’école qui ne sera délaissée que pour être remplacée par celle d’instituteur vers 1840.

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Vingt instituteurs se sont succédé sans interruption à Armentières de 1724 à 1889. Le tableau ci-joint les fera connaître ainsi que la durée de leurs services.

 

Noms des maîtres

Titres

Entrée

Sortie

Services

1

Cousin Louis

Cl. par.

1724

1757

33 ans

2

Leredde Louis

Cl. par.

1757

1765

8

3

Tarête J.Louis

Cl. par.

1765

1769

4

4

Velu Jacques

Cl. par.

1769

1796

27

5

Noblin Hubert

M. d’école

1796

1807

11

6

Pinson Nicolas

M. d’école

1807

1830

23 décédé

7

Pinson Alexandre

M. d’école

1830

1835

5 ans

8

Charpentier Louis

M. d’école

1835

1840

5

9

Gredelu Martin

Instituteur

1840

1841

1

10

Pinet François

Instituteur

1841

1852

11

11

Malin Pierre

Instituteur

1852

1853

1

12

Poirion Sylvain

Instituteur

1853

1854

1

13

Malin Jean

Instituteur

1854

1855

1

14

Rosticher Jean

Instituteur

1855

1856

1

15

Chomain Louis

Instituteur

1856

1858

2

16

Hébert Etienne

Instituteur

1858

1866

8

17

Chévenin François

Instituteur

1866

1870

4 ans décédé

18

Mirville Pierre

Instituteur

1870

1882

12 ans *

19

Martin Octave

Instituteur

1882

1886

4

20

Nicolas Jean Baptiste

Instituteur

1886

 

* Cet instituteur ayant désiré reposer dans le cimetière du village, le Conseil municipal a concédé gratuitement le terrain de sa sépulture.

Si l’on s’en rapporte aux souvenirs des personnes âgées de plus de quatre-vingts ans, et le nombre en est encore assez considérable à Armentières, le clerc paroissial était bien plutôt la chose du curé, l’homme de la paroisse que le précepteur des enfants.

Monsieur Adrieu, instituteur à Jaignes, dans sa très intéressante notice sur cette commune, nous dit que le maître d’école était nommé au choix en assemblée de paroisse, un dimanche, à l’issue de la messe où les assistants avaient pu juger des capacités des candidats à remplir les fonctions de maître d’école par leur aptitude à chanter l’office divin. Le dit maître d’école s’engageait à servir la fabrique de la paroisse, faire toutes  les fonctions de clerc paroissial, savoir chanter au lutrin, assister le curé dans l’administration des sacrements, conduire gratuitement l’horloge de la paroisse, gratter les allées du cimetière trois fois l’an, en recevoir l’herbe, balayer l’église tous les samedis veilles des bonnes fêtes, housser les araignées, en un mot, la tenir proprement, sonner l’angélus depuis la Toussaint jusqu’en mars le matin, à cinq heures, le soir, à sept heures, et depuis le premier mars jusqu’au premier novembre, à quatre heures du matin et à huit heures du soir ; faire l’école depuis la Toussaint jusqu’au 24 juin, et pour ce , recevoir pour gages, sur les revenus de la fabrique, une quarantaine de livres, ainsi qu’une somme de trois livres par charrue payée par les laboureurs, celle de douze sous payée par les manouvriers et par ménage, celle de six sous donnée par chaque veuve, et enfin l’eau bénite tous les dimanches.

Voici en quoi consistait l’usage de l’eau bénite qui s’est conservé à Armentières jusqu’en 1845. Chaque dimanche, me dit un vieillard de quatre-vingt-sept ans à qui tous ces détails sont présents à l’esprit, « le maître d’école, à la sortie de la messe, allait parcourir le pays, frapper à toutes les portes, un bénitier d’une main, un grand panier de l’autre, asperger l’intérieur de la maison en récitant une prière, et recevoir pour prix de sa peine une petite pièce de monnaie, mais plus souvent un morceau de pain » le tout évalué pour l’année à 100 francs environ. Le traitement du maître d’école pouvait donc atteindre avec les ressources indiquées plus haut et la rétribution scolaire variant de cinq sous à douze sous par mois un total de 350 francs ou 400 francs.

En 1833, la rétribution scolaire fut fixée à 0 F 50 , 0 F 75 et 1 franc, ce qui augmenta le traitement d’une centaine de francs.

Délibération du 11 août 1833

La séance étant ouverte, le Conseil est d’avis de fixer :
1° Traitement de l’instituteur …………………………200 F
2e Loyer du logement………………………………………70
3° Rétribution mensuelle à payer par les familles des enfants non gratuits qui fréquentent l’école.
                 Pour ceux qui apprennent à lire 0 F 50
                  …………………..à lire et à écrire 0 F 75
                  ……….le calcul et la grammaire 1 F 00

MM. les membres du Conseil municipal de la section d’Isles ont refusé de signer la dite délibération motivant leur refus sur l’éloignement de leur hameau, refusant le traitement de l’instituteur et ne voulant rien voter pour la construction d’une école.

Extrait du registre des délibérations.

En 1842, le taux de la rétribution scolaire devint 0 F 50, 1 F et 1 F 25 et plus tard il n’ y eut plus que deux catégories d’élèves : la première,  celle des enfants au-dessous de 7 ans payant un franc par mois, la deuxième comprenait les élèves au-dessus de 7 ans qui payaient 1 F 50 par mois.

A Armentières, de même que dans les pays environnants, le maître d’école allait ronger les os, c’est à dire assister à un dîner de famille dans celle où l’un des enfants, et c’était un honneur dans ce temps-là, avait chanter les antiennes de l’ Avent qui, comme l’on sait, commencent toutes par un O.

Armentières étant autrefois un pays de vignoble, le maître aidait les vignerons au pressoir communal et recevait un ou plusieurs seaux de vin que chacun versait dans le tonneau de Monsieur le maître. De la sorte , le maître ramassait à peu près sa boisson de l’année, et il est de tradition que Pinson Athanase recueillit une année six feuillettes de vin rouge et une de vin blanc. Cet usage ne se perdit guère qu’en 1857.

Il fut un temps où les maîtres d’école se louaient pour un ou plusieurs mois de la saison d’hiver ; ils s’en allaient par les villages, une écritoire pendue au revers de leur habit, une ou plusieurs plumes d’oie sur les oreilles. C’est ainsi que les représentent certaines gravures de l’époque. Rien ne dit que cette coutume eut lieu à Armentières et les archives ainsi que les souvenirs des personnes âgées sont muets à cet égard.

L’habitude de nommer le maître d’école en assemblée de paroisse se perpétua à Armentières jusqu’en l’année 1835. Dès cette époque la nomination ou plutôt la présentation revint au Conseil municipal , ainsi le témoigne la délibération suivante en date du 15 mars 1835.

« Monsieur le Président ayant ouvert la séance a dit : « La délibération porte sur la présentation d’un instituteur communal. Monsieur Charpentier Louis , auquel, après avoir reçu l’avis du Comité local, qui lui a fait subir un très long examen, duquel il s’est très bien acquitté, et entre autre la bonne tenue qu’il XXXXX et les pièces dont il est porteur, ont suffi pour le présenter à Monsieur le Comité d’Arrondissement auquel le Conseil municipal désirait à ce que Monsieur le Comité veuille bien ,l’admettre pour instituteur communal de la dite commune.

En quoi consistait le Comité local : Probablement du curé, d’un ou plusieurs marguilliers auxquels étaient joints quelques habitants de la commune.

A partir du 24 juin, l’école était fermée et le maître d’école se louait pour le temps de la moisson comme chargeur aux champs ou « calvarnier », et recevait pour prix de son travail un salaire en nature consistant en minots de grain ( 33 litres) et reprenait son école au premier novembre. 
Que devait-il résulter pour l’instruction de la jeunesse d’un semblable état de choses quand tout le savoir du maître consistait à bien chanter messe et vêpres, lire couramment, écrire passablement, et dans les connaissances arithmétiques ne dépassaient guère celle des quatre règles.

Évidemment une partie de la population savait écrire, au tout au moins signer son nom puisque les actes de mariage de l’époque portent la trace des signatures de la majeure partie des personnes appelées à signer. J’ai constaté que sur huit contractants ou témoins cinq, six et quelquefois sept signatures étaient lisibles, ce qui représente une proportion de 60, 70 et même 80 pour 100. Peu d’actes sont signés par les femmes ainsi la proportion des illettrées est de 90 pour 100 en 1759 jusqu’en 1850 où elle n’est plus que de 45 pour 100 pour tomber à zéro, ou à peu près, en 1889.

J’ai dit que nombre des signatures étaient lisibles ; d’aucunes sont tracées, pourrait-on dire, de main de maître. On s’en convaincra par l’examen des fac-similés photographiques des signatures apposées au bas des actes de mariage que j’ai cru devoir reproduire ici. ce sera, en quelque sorte, un moyen de rendre sensible la marche de l’enseignement primaire dans la commune, car il est certain que les témoins des actes de mariages étaient pris au hasard et selon les circonstances tandis que ceux des actes de baptêmes et de décès n’étaient souvent , au moins jusqu’à une certaine époque, que le clerc paroissial et le curé , si l’on en juge par les signatures, toujours les mêmes.

Étant donné ces signatures, il est permis d’assurer sans autre preuve qu’une école existait à Armentières dès le XVII e siècle. « Partout où les recherches sérieuses ont été faites, dit le CH. Barthélémy, auteur des « Erreurs et Mensonges historiques , on a trouvé de nombreuses écoles » 
La manière de faire apprendre l’orthographe aux enfants sera de leur faire copier. des lettres écrites à la main, sur des choses qu’il leur sera utile d’apprendre à faire, et dont ils pourront avoir besoin dans la vie, comme sont des promesses, des quittances, des marchés d’ouvriers, des contrats de notaires, des obligations, des procurations, des baux à louage ou à ferme, des exploits et procès-verbaux afin qu’ils puissent s’imprimer ces choses dans l’imagination et apprendre à en faire de semblables. Après qu’ils auront copié de ces sortes d’écrits pendant quelque temps, le maître leur fera faire écrire d’eux-mêmes des promesses, des quittances, etc. (Ravelet, conduite des écoles au XVIIe siècle)

Dès le moyen âge, les contrats d’apprentissage stipulent que l’apprenti sera mis aux écoles.

Si les enfants s’exerçaient à copier ces actes, c’est qu’ils savaient les lire, donc à Armentières, on apprenait l’art de lire et d’écrire.

Tableau relevant les signatures

Années

Nombre des comparants

Proportion

1639

De 1639 à 1669, les signatures sont extrêmement rares.

 

1669

Sur 28 comparants , 14 ont signé

50 p 100

1689

32 …………………14

44 p 100

1709

26…………………14

43

1729

25………………….8

32

1749

32………………..12

37

1769

25………………..14

56

1789

20………………..13

65

1799

27………………..15

55

1809

34……………….23

67

1819

37………………..27

73

1829

18…………………10

55

1839

53………………..38

71

1849

46………………..25

54

1859

37……………….23

62

1869

36……………….31

86

1879

49……………….42

90

1888

60………………56

93

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1672

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1696

alt
1709

alt
1724

A la seule inspection de ce tableau on se rend compte que la proportion des illettrés va diminuant à partir de l’année 1869 ; ainsi se manifeste l’influence de la loi de 1882. Il y a tout lieu de croire qu’à Armentières comme ailleurs, vers l’année 1910, c’est à dire vingt-cinq ans après la promulgation de la loi de 1882, on ne constatera plus sur les actes aucun manque dans les signatures.

Aujourd’hui , et depuis quelques années déjà, il est excessivement rare qu’un enfant sorte de l’école sans posséder les éléments de la lecture, de l’écriture, du calcul et de l’orthographe. Les cours d’adultes tiennent aussi nos jeunes gens en haleine, et aucun conscrit à Armentières, depuis quinze ans, a déclaré ne savoir lire, écrire, ni signer.

Plusieurs prix dans les concours cantonaux ont été remportés par les élèves de l’école, et de 1874 à 1888, treize certificats d’études ont été obtenus.

Le conseil municipal vote chaque année une somme de 130 francs pour la caisse des écoles, quarante francs pour l’achat de livres de prix, vingt francs pour les fournitures gratuites aux élèves indigents, quarante francs destinés aux bibliothèques scolaires d’Armentières et Isles et 270 F pour le chauffage des classes.

Monsieur Subert, ancien négociant et propriétaire à Armentières donne chaque année un prix de cinq francs à chacun des élèves d’Armentières qui obtiennent leur certificat d’études. De son côté, Monsieur P.Lande , du château des Bruyères, de la section d’Isles, encourage de tous ses efforts la fréquentation à l’école des enfants de sa section, enrichit de ses dons la bibliothèque d’Isles et le nombre des ouvrages donnés en prix en fin d’année scolaire.

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Histoire locale.


La seigneurie d’Armentières, qui relevait de l’évêque de Meaux, appartenait au XVIe siècle au chapitre de l’église cathédrale de cette ville. Celui-ci, en 1563 et 1566, pour payer les subventions dues au roi, la vendit, en se réservant la dîme, moyennant 3 884 livres, à Alliers de Gondi, duc de Retz, pair et maréchal de France. Ce dernier la revendit peu après à la reine Catherine de Médicis, qui aussitôt la céda à l’évêque de Paris, Pierre de Gondi, à titre d’échange contre la terre de S.Maur. La reine s’était toutefois réservé 86 arpents de bois joignant les bois de Montceaux et d’un autre côté, avait promis de faire amortir la terre d’Armentières.

En 1701, le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, la donna à bail emphytéotique à Messire Louis Degand, et en 1731 à Pierre Herpin de la Chesnaye, celui-ci, le 17 mai 1740, la céda moyennant 31 000 livres à Etienne Gounion. Ce dernier la conserva peu de temps; elle fut adjugée le 25 juin 1745 à Jacques Louve de Villeneuve. le nouveau seigneur consentit de nombreux baux. En l768, la terre et la seigneurie d’Armentières firent retour à l’archevêché de Paris. L’archevêque fit reconstruire les bâtiments de la ferme principale et se fit autoriser à réunir à son domaine les terres en friches non réclamées et acensa à Pierre Bassuel de Vinois, 300 arpents de terre pris en partie sur ces friches.

Un représentant de Bassuel de Vinois, Monsieur Rougedemontant a élevé de nos jours le château dit le Vinois ou le Vignois. Ce château appartient aujourd’hui à Monsieur Mouchet gendre de M. Rougedemontant.

Le hameau d’Isles les Meldeuses réuni à Armentières en 1790, formait autrefois la seigneurie d’Isles appartenant à l’abbaye de Jouarre : elle avait dû lui être donnée par les comtes de Champagne à une époque reculée. L’abbaye de Jouarre possédait en outre 15 hectares de terre, vendues le 22 décembre 1830 à Pierre Bayard, propriétaire du domaine des Bruyères, appartenant aujourd’hui à M. et Mme Paul Londe. Sur la paroisse d’Isles se trouvait un autre fief, appelé Asnières, consistant en une ferme et 358 arpents de terre, prés et bois, appartenant au prieuré de Reuil, près de La Ferté-sous-Jouarre.

Comme pour les autres biens ecclésiastiques, la vente a été ordonnée, et le domaine d’Asnières a été adjugé le 18 brumaire an V, moyennant 13 000 livres, 17 sous, 6 deniers, au profit de Charles Nicolas Alaine négociant à Mary. Il est resté dans se descendance jusqu’en 1865 et est passé à M. Jacques Heugel de Paris qui l’a transmis à son fils. L’ancienne ferme a été démolie et une nouvelle a été construite récemment. la seigneurie de Tresmes possédait à la fin du XIV siècle des terres sur le terroir d’Asnières.

La seigneurie d’Armentières outre les bien ruraux, un château où résidaient les seigneurs emphytéotiques et où l’archevêque de Paris passait les rares séjours qu’il pouvait faire en sa seigneurie. S’il faut s’en rapporter à une tradition locale, ce château a été occupé par la reine Blanche ou plutôt par la comtesse Blanche de France, duchesse d’Orléans. De ce château partaient dans diverses directions, des souterrains dont on a retrouvé les traces sous le bois dit « le Parc « et qui ont leur entrée dans une des caves de la ferme. Le château était lui-même complètement entouré de fossés que remplissait l’eau de la Marne. Des dépressions de terrain encore existantes donnent à cette dernière assertion une grande vraisemblance.

Lorsque la Révolution éclata, la loi déclara nationaux les biens ecclésiastiques et en ordonna la vente.
La maison seigneuriale, la ferme et 349 arpents de terre furent vendus le 31 ami 1793 moyennant 124 900 livres, au profit de Augustin Dupré, graveur général de la monnaie de France. En 1833, son fils transmit ses biens à M. Isidore Tripier. Ils appartiennent depuis 1859 à M. Adolphe Subert, ancien négociant à Paris.

L’ancienne résidence seigneuriale, séparée de la ferme avec laquelle elle se confondait, a reçu durant ce siècle, de ses différents propriétaires, des améliorations et aménagements confortables, et forme aujourd’hui le château d’Armentières.

Notice historique et statistique sur Armentières, par M. L. Benoist, Conseiller Général.

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Des locaux affectés à l’école depuis 1789.
Ecole en 1789
Les recherches que j’ai faites à Armentières nous ont permis de retrouver les locaux dans lesquels se tenait l’école depuis plus de cent ans. Un coup d’oeil jeté sur les photographies et les plans ci-joints permettra de rendre un compte exact de ces différents locaux des progrès successifs qui ont été réalisés pour doter la Commune d’un groupe scolaire convenable. On se demandera comment il était possible aux générations passées de respirer et vivre pendant quatre mortelles heures, non entrecoupées d’un repos, dans ces locaux privés d’air, la plupart du temps insuffisants, et où s’entassaient de 40 à 50 enfants, car si tous les enfants ne fréquentaient pas l’école, il fut un temps où Isles envoyait ses écoliers à Armentières ainsi que le témoignent plusieurs délibérations du Conseil municipal attestant d’ores et déjà les tiraillements qui ont de tout temps existé entre les deux sections depuis leur réunion en 1789, tiraillement qui n’ont fait que croître et embellir au point qu’une instance en séparation est en ce moment livrée à l’étude et à la décision de l’administration supérieure.

Délibération du 17 août 1834.

La séance étant ouverte un membre du Conseil a élevé la voix et a proposé de construire une maison d’école à Isles, vu qu’il y a un emplacement convenable et des ressources par suite d’une quantité d’ormes et de peupliers en maturité, et en outre quatre cent cinquante francs de rentes appartenant à la dite section d’Isles. 
Fait et délibéré en séance,
Ensuite est écrit :

« Nous , Maire de la Commune d’Armentières, assisté de M.M. Tarisien Augustin et Tarisien Claude,
tous deux membres du Conseil municipal de la section d’Armentières n’avons pas cru devoir prendre
part à la délibération tendant à ce que la maison d’école soit construite au hameau d’Isles ce qui nous
semble contraire au bon sens, et que M.M. Sébastien, Chapelle, Canappa G. Sébastien et Paillard
étant tous cinq du hameau d’Isles ont profité de leur majorité pour l’emporter nous nous opposons à
ce que l’école soit construite ailleurs qu’à Armentières chef lieu de la Commune. »

Signé : Farondel maire, Tarisien Félix et Tarisien Claude.

Extrait du registre.

Cette délibération n’eut pas de suite et l’école fut maintenue à Armentières ; seulement, et c’était justice, Isles obtint une école dans un local à bail.

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Ce local fut occupé par l’école de 1784 à 1812, avec les maîtres Noblin, Pinson.

Il se composait de 4 pièces, une cuisine, une chambre à coucher, un cabinet noir attenant à l’école et
formant le logement du maître. prix du loyer …. 45 francs.

Cube de la classe : 52 m 976

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Local occupé par le maître Pinson Nicolas de 1812 à 1828 et se composant de deux pièces, dont un
cabinet noir pour le maître. Loyer …………………….40 frs

Cube de la classe 46 m 170

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Ce local fut occupé de 1828 à 1833 par les maîtres, Pinson Nicolas et Pinson Athanas. Il se composait
de trois pièces dont deux à l’usage particulier des maîtres. Prix du loyer :………..45 francs.

Cube de la classe : 43 m 500 pour quarante cinq élèves environ.

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La Commune, en 1833 fut sur le point d’acheter le local ci-dessus, comme réunissant une partie des conditions de salubrité demandées. De plus se trouvait une assez vaste cour attenante à la salle d’école, mais les exigences du propriétaire ne permit pas de mettre cette idée à exécution. Elle fut donc louée au S.Farondel pendant 4 années pour le prix annuel de 60 francs et occupée par les maîtres Pinson Athanase et Charpentier Louis. Pour la première fois un jardin était joint à l’établissement. Nombre de pièces : 3, y compris l’école.

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Cube de la salle de classe : 65 m 286 pour 35 élèves environ.

Cette maison servant d’école avec salle de mairie et logement de l’instituteur fut achetée en l’année 1835 à la dame Jolly moyennant un prix de 1630 F, auxquels s’adjoignit une somme de 2230 F pour frais de réparation suivant devis dressé par M.Villarosa, architecte. L’État mit en aide à la commune pour une somme de 1000 F. La salle de classe avait une capacité de 80 m cubes d’air, soit 5 m 30 de long, 6 m 05 e large et 2 m 53 de haut, offrant pour une moyenne de 35 enfants à peine un cube de 2 m 300 par enfant. L’acquisition de cet immeuble accusa un réel progrès.

Le nombre des élèves devenant de plus en plus considérable et l’école devenant trop petite, après bien des essais de modification ou d’amélioration, la maison fut vendue en 1880 au S. Robiche pour un prix de 1030 francs après que la commune eut fait construire tant à Armentières qu’à Isles, deux écoles absolument semblables pour une dépense totale de 38500 francs. l’État contribua par une subvention de 19.000 francs. C’était une grosse dépense pour une commune n’ayant point de ressources aussi fut-elle obligée de se grever pour trente ans d’une imposition extraordinaire de 74 centimes, produisant annuellement 759 F, laquelle imposition s’éteindra en 1910.

Ecole Armentières
La commune a dépensé :

Construction de l’école d’Armentières ……………………..16 800

Préau, jardin, pompe ………………………………………………4 300

Construction à Isles , achat de terrain………………………..21 660

pompe…………………………………………………………………….300
                                                                                        ————

Total…………………………………………………………………. 43 060

sur lesquels la Commune a reçu en plusieurs fois un secours de 20 000 F

L’école actuelle fut construite sur un emplacement de la commune auquel vinrent s’adjoindre en 1886 plusieurs parcelles appartenant aux sieurs Oudard Aimable, Tarisien Armand, Tarête Léon, Dois Jules, Gérard Pierre et Beauqueine pour l’établissement d’un préau couvert, d’un jardin pour l’instituteur, d’une pompe pour les besoins de l’école et les usagés de la Commune : moyennant une dépense totale de 4 300 francs sur lesquels Armentières reçut du département un secours de 800 Fs.

Ecole - Mairie

Rien ne manque à cette nouvelle école pour assurer un confort convenable : école vaste et bien aérée, offrant un cube d’air de 232 m, soit 6 m.C. par enfant, et placée admirablement pour jouir d’un air pur. l’emplacement occupé par le groupe scolaire est 1443 M. superficiels dont 685 pour la salle de classe, le logement de l’instituteur , les cours et le préau. Le jardin, nouvellement créé, a une superficie de 758 m. carrés. Le logement de l’instituteur comprend : cuisine, salle à manger, trois chambres à coucher, cabinet servant d’antichambre, cave et grenier.
Le mobilier scolaire est complet et en bon état : tables à deux places, nouveau modèle, pour 40 élèves, cartes géographiques, compendium m étrique, sphère, tableau des poids et mesures, pendule oeil-de-boeuf, tableaux noirs tout autour de la salle de classe, calorifère, etc, etc. Quelle différence avec ces temps pourtant peu éloignés où le mobilier scolaire se composait de quelques bancs ajoutés à quelques tables boiteuses pour : « les grands qui écrivaient « tandis que les petits, les parias de l’école, s’entassaient sur d’autres bancs avec leur éternel syllabaire ou « Croix de Jésus » ! ( En 1843 sur 38 élèves, huit apprenaient le calcul et la grammaire, 11 lisaient et écrivaient , 19 apprenaient à lire.) Nos grands pères nous ont souvent raconté et les vieux le dirent aussi, que tous les livres de classe consistaient en de vieux parchemins jaunis par le temps que chacun était fier d’apporter et où s’escrimait toute une génération à déchiffrer le grimoire ! Aujourd’hui, la commune assure à chaque enfant les livres de classe dont il a besoin pendant tout le temps de sa scolarité, et offre aux personnes dont la lecture est agréable une bibliothèque composée de 120 volumes, auxquels viennent s’ajouter chaque année les 40 volumes de la bibliothèque circulante du canton dont les ouvrages sont aussi nombreux que variés. Malheureusement, le goût de la lecture n’est pas très prononcé à Armentières, et à part quelques lecteurs, toujours les mêmes, la bibliothèque est peu fréquentée. le nombre de prêts pendant l’année 1888 a été de 171, dont 136 pour la bibliothèque circulante. Cela tient probablement à la population essentiellement agricole toujours fatiguée, se levant tôt et se couchant à la tombée de la nuit. Je suis sûr, qu ’en hiver, à partir de sept heures du soir, on ne trouvait pas dans Armentières dix ménages où le mari et les enfants ne fussent couchés.

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A la fin du siècle dernier (je parle du XIXème) , il avait été demandé aux instituteurs d’établir une monographie sur l’école, le village où ils enseignaient. Monsieur Nicolas était en poste à Armentières depuis 1886. C’est son manuscrit que j’ai recopié et mis en ligne. 

Dans la partie historique, il s’est beaucoup inspiré de M.L. Benoist, Membre de la Société d’archéologie de Seine et Marne qui a publié une « Notice historique et statistique sur Armentières » en 1888.

Notice géographique.

Origine – Armentières dont le nom signifie pâturage est un ancien village qui paraît exister depuis les temps les plus reculés de notre histoire car l’on a trouvé, en construisant le chemin vicinal d’Armentières à Meaux , des sépultures remontant à une époque antérieure aux invasions normandes, et près d’Isles, nombre d’armures gauloises. La commune est composée de deux hameaux formant deux sections électorales, celui d’Armentières et le hameau d’Isles-les-Meldeuses dont la réunion se fit en 1790, et distants l’un de l’autre de 3 kilomètres. Armentières faisait autrefois partie de la Brie française, du baillage de Meaux et de la généralité de Paris, il appartient aujourd’hui au canton de Lizy-sur-Ourcq, de l’arrondissement de Meaux, du département de Seine et Marne. La distance au chef-lieu de canton est de 7 kilomètres, au chef-lieu d’arrondissement de 12 kilomètres et au chef-lieu du département de 67 kilomètres.

Superficie – Le territoire a une superficie de 1421 hectares.

Bornes – La commune d’Armentières est limitée au nord, à l’est et au sud par la rivière de Marne, à l’ouest par les territoires de Germigny-l’Evêque et de Trilport.

 
Population – La population est en 1888 de 497 hab., dont 277 à Isles. Elle était de 510 hab. en 1876, de 549 hab. en 1856, de 580 hab. en 1820. Chaque dénombrement accuse une diminution sensible de la population dont les causes peuvent être attribuées à la médiocrité du sol dont une partie n’est pas cultivée par la faute du propriétaire d’une des fermes qui, cédant à de mauvaises inspirations et mal conseillé, s’obstine à la laisser en friches.

Voies de communication – Armentières est desservi par la ligne du chemin de fer de l’Est stations de Changis et de Trilport, éloignées l’une de l’autre de 6 kilomètres, par le chemin de grande communication N° 17 de Trilport à Gandelu, par une annexe de ce chemin qui relie les deux sections et par le chemin vicinal N° 3 qui va d’Armentières à la route Nationale N° 3 de Paris à Metz. Isles possède un bureau télégraphique ouvert aux dépêches privées, établi pour le service de la navigation de la Marne, et dont profite le public. Il est grandement question d’établir une gare ou une halte à Isles lors de la construction de la ligne de chemin de fer de Trilport à La Ferté Milon, dont le projet est à l’étude depuis plusieurs années : on annonce cette construction comme imminente. Puisse-t-elle bientôt se réaliser , dans l’intérêt, je crois, d’Armentières ! Trilport est le bureau de poste qui dessert la commune.

Altitude – Le point le plus culminant de la commune est le château des Bruyères, de la section d’Isles, appartenant à Monsieur Paul Londe, et dont l’altitude est de 114 m. tandis que celle d’Armentières n’est que de 48 mètres.

Bois – Une partie du territoire 350 hectares environ, est occupée par des bois dont les principales essences sont : le chêne, le charme, le hêtre et le bouleau.

Travaux d’art – Sur le territoire d’Armentières se trouve un tunnel de 496 m. de long dont l’exécution a été des plus longues et des plus difficiles, vu la nature du terrain composé de pierres calcaires et d’une sorte de pierre de taille fort dure dite « pierre d’Armentières ». On remarque aussi pour le passage de la ligne ferrée un viaduc dont on a émis plusieurs fois des doutes sur la parfaite solidité. Deux carrières ont été exploitées pendant de longues années ; elles sont aujourd’hui complètement abandonnées. la carrière d’Armentières, achetée par la compagnie des Chemins de fer de l’Est a été rebouchée en 1887 par les soins de cette même Compagnie, celle d’Isles est utilisée pour la culture des champignons.

Nature du sol – La nature du terrain est généralement sablonneuse, au moins dans la partie septentrionale du territoire, section d’Isles, et au centre de la section d’Armentières. Les bords de la Marne, formés de terres d’alluvion, présentent la partie le plus fertile de la commune et sont d’un rendement ordinaire, quant au reste du territoire, la fertilité en est fort médiocre. On récolte le seigle, le blé, l’avoine, les pommes de terre, beaucoup de carottes et de navets qui sont d’un excellent produit. les vignes ont entièrement disparu et les arbres fruitiers sont en petite quantité.

On fait à Armentières fort peu d’élevage du bétail contrairement à ce que donne à penser l’étymologie du nom de la commune ; c’est qu’il n’existe plus de pâturages. Cependant les habitants ont généralement une ou plusieurs vaches qu’ils nourrissent à l’étable et dont la plus forte partie des produits s’écoule au marché de Meaux sous forme de fromages, et une assez grande quantité de volailles qui servent à l’alimentation du ménage et dont le surplus prend également le chemin du marché. On compte à Armentières environ 70 chevaux, 160 vaches, 1 000 moutons, 1 600 volailles et 50 ruches d’abeilles.

Peu ou point de commerce et encore moins d’industrie, si ce n’est celle des fromages à pâte grasse, dits de Brie, dont la production annuelle demande environ 2 000 hct. de lait donnant 50 000 kil. de fromages dont le prix moyen ne dépasse guère 0F,80 le kilogr. 

Production moyenne des récoltes.
Blé………………………………………..3 000 hectol.
Seigle………………………………………2 000
Avoine…………………………………….3 000
Pommes de terre……………………….4 000 quintaux
Betteraves……………………………….20 000
Luzerne……………………………………4 000

Carottes………………………………….15 000
Navets …………………………………..10 000
fromages………………………………..50 000 kilogs.


Histoire de l’enseignement

Il est difficile de préciser ce qu’était l’enseignement primaire à Armentières avant 1789 puisque les archives de la commune sont d’une pauvreté telle que le premier maître d’école dont il puisse être sérieusement fait mention ne paraît avoir existé seulement qu’en l’année 1796. Cependant en compulsant les registres de la paroisse dont le plus ancien est de 1639, et en attribuant la dénomination de clerc paroissial au maître d’école de l’époque, soit laïque, soit ecclésiastique car l’enseignement était souvent donné par des prêtres, j’ai trouvé un sieur Jean Baptiste Cousin clerc paroissial à Isles, mentionné en l’acte mortuaire du 15 septembre 1724. ce moment également consigné en d’autres actes postérieurs , ainsi que celui de Louis Cousin, époux de Marguerite Maréchal, fils ou parent du précédent, clerc paroissial à Armentières. Ces mêmes noms se retrouvent tous deux en l’acte de décès de leur aïeul, Jean Baptiste Cousin décédé le 22 ami 1742, puis en 1744, 1746, 1755, pour disparaître en 1757. Quand Jean Baptiste et Louis Cousin, dit Monsieur Benoist, conseiller général du canton de Lizy sur Ourcq, dans sa notice sur Armentières, le curé Saint Mars, prêtre instruit et plein de dévouement se mit à apprendre aux enfants à lire et à écrire, et continua jusqu’à sa mort. Louis Adrien Leredda remplaça Louis Cousin à Armentières, en 1757 ; puis en 1765 vint Jean Louis Tarête, natif de Poincy, avec le curé Beaudry de joyeuse mémoire en 1769, ce fut Jacques Velu, et enfin en 1796, Noblin Hubert portant la qualification précise de maître d’école qui ne sera délaissée que pour être remplacée par celle d’instituteur vers 1840.

Vingt instituteurs se sont succédé sans interruption à Armentières de 1724 à 1889. Le tableau ci-joint les fera connaître ainsi que la durée de leurs services.

 

Noms des maîtres

Titres

Entrée

Sortie

Services

1

Cousin Louis

Cl. par.

1724

1757

33 ans

2

Leredde Louis

Cl. par.

1757

1765

8

3

Tarête J.Louis

Cl. par.

1765

1769

4

4

Velu Jacques

Cl. par.

1769

1796

27

5

Noblin Hubert

M. d’école

1796

1807

11

6

Pinson Nicolas

M. d’école

1807

1830

23 décédé

7

Pinson Alexandre

M. d’école

1830

1835

5 ans

8

Charpentier Louis

M. d’école

1835

1840

5

9

Gredelu Martin

Instituteur

1840

1841

1

10

Pinet François

Instituteur

1841

1852

11

11

Malin Pierre

Instituteur

1852

1853

1

12

Poirion Sylvain

Instituteur

1853

1854

1

13

Malin Jean

Instituteur

1854

1855

1

14

Rosticher Jean

Instituteur

1855

1856

1

15

Chomain Louis

Instituteur

1856

1858

2

16

Hébert Etienne

Instituteur

1858

1866

8

17

Chévenin François

Instituteur

1866

1870

4 ans décédé

18

Mirville Pierre

Instituteur

1870

1882

12 ans *

19

Martin Octave

Instituteur

1882

1886

4

20

Nicolas Jean Baptiste

Instituteur

1886

 

* Cet instituteur ayant désiré reposer dans le cimetière du village, le Conseil municipal a concédé gratuitement le terrain de sa sépulture.

Si l’on s’en rapporte aux souvenirs des personnes âgées de plus de quatre-vingts ans, et le nombre en est encore assez considérable à Armentières, le clerc paroissial était bien plutôt la chose du curé, l’homme de la paroisse que le précepteur des enfants.

Monsieur Adrieu, instituteur à Jaignes, dans sa très intéressante notice sur cette commune, nous dit que le maître d’école était nommé au choix en assemblée de paroisse, un dimanche, à l’issue de la messe où les assistants avaient pu juger des capacités des candidats à remplir les fonctions de maître d’école par leur aptitude à chanter l’office divin. Le dit maître d’école s’engageait à servir la fabrique de la paroisse, faire toutes  les fonctions de clerc paroissial, savoir chanter au lutrin, assister le curé dans l’administration des sacrements, conduire gratuitement l’horloge de la paroisse, gratter les allées du cimetière trois fois l’an, en recevoir l’herbe, balayer l’église tous les samedis veilles des bonnes fêtes, housser les araignées, en un mot, la tenir proprement, sonner l’angélus depuis la Toussaint jusqu’en mars le matin, à cinq heures, le soir, à sept heures, et depuis le premier mars jusqu’au premier novembre, à quatre heures du matin et à huit heures du soir ; faire l’école depuis la Toussaint jusqu’au 24 juin, et pour ce , recevoir pour gages, sur les revenus de la fabrique, une quarantaine de livres, ainsi qu’une somme de trois livres par charrue payée par les laboureurs, celle de douze sous payée par les manouvriers et par ménage, celle de six sous donnée par chaque veuve, et enfin l’eau bénite tous les dimanches.

Voici en quoi consistait l’usage de l’eau bénite qui s’est conservé à Armentières jusqu’en 1845. Chaque dimanche, me dit un vieillard de quatre-vingt-sept ans à qui tous ces détails sont présents à l’esprit, « le maître d’école, à la sortie de la messe, allait parcourir le pays, frapper à toutes les portes, un bénitier d’une main, un grand panier de l’autre, asperger l’intérieur de la maison en récitant une prière, et recevoir pour prix de sa peine une petite pièce de monnaie, mais plus souvent un morceau de pain » le tout évalué pour l’année à 100 francs environ. Le traitement du maître d’école pouvait donc atteindre avec les ressources indiquées plus haut et la rétribution scolaire variant de cinq sous à douze sous par mois un total de 350 francs ou 400 francs.

En 1833, la rétribution scolaire fut fixée à 0 F 50 , 0 F 75 et 1 franc, ce qui augmenta le traitement d’une centaine de francs.

Délibération du 11 août 1833

La séance étant ouverte, le Conseil est d’avis de fixer :
1° Traitement de l’instituteur …………………………200 F
2e Loyer du logement………………………………………70
3° Rétribution mensuelle à payer par les familles des enfants non gratuits qui fréquentent l’école.
                 Pour ceux qui apprennent à lire 0 F 50
                  …………………..à lire et à écrire 0 F 75
                  ……….le calcul et la grammaire 1 F 00

MM. les membres du Conseil municipal de la section d’Isles ont refusé de signer la dite délibération motivant leur refus sur l’éloignement de leur hameau, refusant le traitement de l’instituteur et ne voulant rien voter pour la construction d’une école.

Extrait du registre des délibérations.

En 1842, le taux de la rétribution scolaire devint 0 F 50, 1 F et 1 F 25 et plus tard il n’ y eut plus que deux catégories d’élèves : la première,  celle des enfants au-dessous de 7 ans payant un franc par mois, la deuxième comprenait les élèves au-dessus de 7 ans qui payaient 1 F 50 par mois.

A Armentières, de même que dans les pays environnants, le maître d’école allait ronger les os, c’est à dire assister à un dîner de famille dans celle où l’un des enfants, et c’était un honneur dans ce temps-là, avait chanter les antiennes de l’ Avent qui, comme l’on sait, commencent toutes par un O.

Armentières étant autrefois un pays de vignoble, le maître aidait les vignerons au pressoir communal et recevait un ou plusieurs seaux de vin que chacun versait dans le tonneau de Monsieur le maître. De la sorte , le maître ramassait à peu près sa boisson de l’année, et il est de tradition que Pinson Athanase recueillit une année six feuillettes de vin rouge et une de vin blanc. Cet usage ne se perdit guère qu’en 1857.

Il fut un temps où les maîtres d’école se louaient pour un ou plusieurs mois de la saison d’hiver ; ils s’en allaient par les villages, une écritoire pendue au revers de leur habit, une ou plusieurs plumes d’oie sur les oreilles. C’est ainsi que les représentent certaines gravures de l’époque. Rien ne dit que cette coutume eut lieu à Armentières et les archives ainsi que les souvenirs des personnes âgées sont muets à cet égard.

L’habitude de nommer le maître d’école en assemblée de paroisse se perpétua à Armentières jusqu’en l’année 1835. Dès cette époque la nomination ou plutôt la présentation revint au Conseil municipal , ainsi le témoigne la délibération suivante en date du 15 mars 1835.

« Monsieur le Président ayant ouvert la séance a dit : « La délibération porte sur la présentation d’un instituteur communal. Monsieur Charpentier Louis , auquel, après avoir reçu l’avis du Comité local, qui lui a fait subir un très long examen, duquel il s’est très bien acquitté, et entre autre la bonne tenue qu’il XXXXX et les pièces dont il est porteur, ont suffi pour le présenter à Monsieur le Comité d’Arrondissement auquel le Conseil municipal désirait à ce que Monsieur le Comité veuille bien ,l’admettre pour instituteur communal de la dite commune.

En quoi consistait le Comité local : Probablement du curé, d’un ou plusieurs marguilliers auxquels étaient joints quelques habitants de la commune.

A partir du 24 juin, l’école était fermée et le maître d’école se louait pour le temps de la moisson comme chargeur aux champs ou « calvarnier », et recevait pour prix de son travail un salaire en nature consistant en minots de grain ( 33 litres) et reprenait son école au premier novembre. 
Que devait-il résulter pour l’instruction de la jeunesse d’un semblable état de choses quand tout le savoir du maître consistait à bien chanter messe et vêpres, lire couramment, écrire passablement, et dans les connaissances arithmétiques ne dépassaient guère celle des quatre règles.

Évidemment une partie de la population savait écrire, au tout au moins signer son nom puisque les actes de mariage de l’époque portent la trace des signatures de la majeure partie des personnes appelées à signer. J’ai constaté que sur huit contractants ou témoins cinq, six et quelquefois sept signatures étaient lisibles, ce qui représente une proportion de 60, 70 et même 80 pour 100. Peu d’actes sont signés par les femmes ainsi la proportion des illettrées est de 90 pour 100 en 1759 jusqu’en 1850 où elle n’est plus que de 45 pour 100 pour tomber à zéro, ou à peu près, en 1889.

J’ai dit que nombre des signatures étaient lisibles ; d’aucunes sont tracées, pourrait-on dire, de main de maître. On s’en convaincra par l’examen des fac-similés photographiques des signatures apposées au bas des actes de mariage que j’ai cru devoir reproduire ici. ce sera, en quelque sorte, un moyen de rendre sensible la marche de l’enseignement primaire dans la commune, car il est certain que les témoins des actes de mariages étaient pris au hasard et selon les circonstances tandis que ceux des actes de baptêmes et de décès n’étaient souvent , au moins jusqu’à une certaine époque, que le clerc paroissial et le curé , si l’on en juge par les signatures, toujours les mêmes.

Étant donné ces signatures, il est permis d’assurer sans autre preuve qu’une école existait à Armentières dès le XVII e siècle. « Partout où les recherches sérieuses ont été faites, dit le CH. Barthélémy, auteur des « Erreurs et Mensonges historiques , on a trouvé de nombreuses écoles » 
La manière de faire apprendre l’orthographe aux enfants sera de leur faire copier. des lettres écrites à la main, sur des choses qu’il leur sera utile d’apprendre à faire, et dont ils pourront avoir besoin dans la vie, comme sont des promesses, des quittances, des marchés d’ouvriers, des contrats de notaires, des obligations, des procurations, des baux à louage ou à ferme, des exploits et procès-verbaux afin qu’ils puissent s’imprimer ces choses dans l’imagination et apprendre à en faire de semblables. Après qu’ils auront copié de ces sortes d’écrits pendant quelque temps, le maître leur fera faire écrire d’eux-mêmes des promesses, des quittances, etc. (Ravelet, conduite des écoles au XVIIe siècle)

Dès le moyen âge, les contrats d’apprentissage stipulent que l’apprenti sera mis aux écoles.

Si les enfants s’exerçaient à copier ces actes, c’est qu’ils savaient les lire, donc à Armentières, on apprenait l’art de lire et d’écrire.

Tableau relevant les signatures

Années

Nombre des comparants

Proportion

1639

De 1639 à 1669, les signatures sont extrêmement rares.

 

1669

Sur 28 comparants , 14 ont signé

50 p 100

1689

32 …………………14

44 p 100

1709

26…………………14

43

1729

25………………….8

32

1749

32………………..12

37

1769

25………………..14

56

1789

20………………..13

65

1799

27………………..15

55

1809

34……………….23

67

1819

37………………..27

73

1829

18…………………10

55

1839

53………………..38

71

1849

46………………..25

54

1859

37……………….23

62

1869

36……………….31

86

1879

49……………….42

90

1888

60………………56

93


1672


1696


1709


1724

A la seule inspection de ce tableau on se rend compte que la proportion des illettrés va diminuant à partir de l’année 1869 ; ainsi se manifeste l’influence de la loi de 1882. Il y a tout lieu de croire qu’à Armentières comme ailleurs, vers l’année 1910, c’est à dire vingt-cinq ans après la promulgation de la loi de 1882, on ne constatera plus sur les actes aucun manque dans les signatures.

Aujourd’hui , et depuis quelques années déjà, il est excessivement rare qu’un enfant sorte de l’école sans posséder les éléments de la lecture, de l’écriture, du calcul et de l’orthographe. Les cours d’adultes tiennent aussi nos jeunes gens en haleine, et aucun conscrit à Armentières, depuis quinze ans, a déclaré ne savoir lire, écrire, ni signer.

Plusieurs prix dans les concours cantonaux ont été remportés par les élèves de l’école, et de 1874 à 1888, treize certificats d’études ont été obtenus.

Le conseil municipal vote chaque année une somme de 130 francs pour la caisse des écoles, quarante francs pour l’achat de livres de prix, vingt francs pour les fournitures gratuites aux élèves indigents, quarante francs destinés aux bibliothèques scolaires d’Armentières et Isles et 270 F pour le chauffage des classes.

Monsieur Subert, ancien négociant et propriétaire à Armentières donne chaque année un prix de cinq francs à chacun des élèves d’Armentières qui obtiennent leur certificat d’études. De son côté, Monsieur P.Lande , du château des Bruyères, de la section d’Isles, encourage de tous ses efforts la fréquentation à l’école des enfants de sa section, enrichit de ses dons la bibliothèque d’Isles et le nombre des ouvrages donnés en prix en fin d’année scolaire.

Histoire locale.

La seigneurie d’Armentières, qui relevait de l’évêque de Meaux, appartenait au XVIe siècle au chapitre de l’église cathédrale de cette ville. Celui-ci, en 1563 et 1566, pour payer les subventions dues au roi, la vendit, en se réservant la dîme, moyennant 3 884 livres, à Alliers de Gondi, duc de Retz, pair et maréchal de France. Ce dernier la revendit peu après à la reine Catherine de Médicis, qui aussitôt la céda à l’évêque de Paris, Pierre de Gondi, à titre d’échange contre la terre de S.Maur. La reine s’était toutefois réservé 86 arpents de bois joignant les bois de Montceaux et d’un autre côté, avait promis de faire amortir la terre d’Armentières.

En 1701, le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, la donna à bail emphytéotique à Messire Louis Degand, et en 1731 à Pierre Herpin de la Chesnaye, celui-ci, le 17 mai 1740, la céda moyennant 31 000 livres à Etienne Gounion. Ce dernier la conserva peu de temps; elle fut adjugée le 25 juin 1745 à Jacques Louve de Villeneuve. le nouveau seigneur consentit de nombreux baux. En l768, la terre et la seigneurie d’Armentières firent retour à l’archevêché de Paris. L’archevêque fit reconstruire les bâtiments de la ferme principale et se fit autoriser à réunir à son domaine les terres en friches non réclamées et acensa à Pierre Bassuel de Vinois, 300 arpents de terre pris en partie sur ces friches.

Un représentant de Bassuel de Vinois, Monsieur Rougedemontant a élevé de nos jours le château dit le Vinois ou le Vignois. Ce château appartient aujourd’hui à Monsieur Mouchet gendre de M. Rougedemontant.

Le hameau d’Isles les Meldeuses réuni à Armentières en 1790, formait autrefois la seigneurie d’Isles appartenant à l’abbaye de Jouarre : elle avait dû lui être donnée par les comtes de Champagne à une époque reculée. L’abbaye de Jouarre possédait en outre 15 hectares de terre, vendues le 22 décembre 1830 à Pierre Bayard, propriétaire du domaine des Bruyères, appartenant aujourd’hui à M. et Mme Paul Londe. Sur la paroisse d’Isles se trouvait un autre fief, appelé Asnières, consistant en une ferme et 358 arpents de terre, prés et bois, appartenant au prieuré de Reuil, près de La Ferté-sous-Jouarre.

Comme pour les autres biens ecclésiastiques, la vente a été ordonnée, et le domaine d’Asnières a été adjugé le 18 brumaire an V, moyennant 13 000 livres, 17 sous, 6 deniers, au profit de Charles Nicolas Alaine négociant à Mary. Il est resté dans se descendance jusqu’en 1865 et est passé à M. Jacques Heugel de Paris qui l’a transmis à son fils. L’ancienne ferme a été démolie et une nouvelle a été construite récemment. la seigneurie de Tresmes possédait à la fin du XIV siècle des terres sur le terroir d’Asnières.

La seigneurie d’Armentières outre les bien ruraux, un château où résidaient les seigneurs emphytéotiques et où l’archevêque de Paris passait les rares séjours qu’il pouvait faire en sa seigneurie. S’il faut s’en rapporter à une tradition locale, ce château a été occupé par la reine Blanche ou plutôt par la comtesse Blanche de France, duchesse d’Orléans. De ce château partaient dans diverses directions, des souterrains dont on a retrouvé les traces sous le bois dit « le Parc « et qui ont leur entrée dans une des caves de la ferme. Le château était lui-même complètement entouré de fossés que remplissait l’eau de la Marne. Des dépressions de terrain encore existantes donnent à cette dernière assertion une grande vraisemblance.

Lorsque la Révolution éclata, la loi déclara nationaux les biens ecclésiastiques et en ordonna la vente.
La maison seigneuriale, la ferme et 349 arpents de terre furent vendus le 31 ami 1793 moyennant 124 900 livres, au profit de Augustin Dupré, graveur général de la monnaie de France. En 1833, son fils transmit ses biens à M. Isidore Tripier. Ils appartiennent depuis 1859 à M. Adolphe Subert, ancien négociant à Paris.

L’ancienne résidence seigneuriale, séparée de la ferme avec laquelle elle se confondait, a reçu durant ce siècle, de ses différents propriétaires, des améliorations et aménagements confortables, et forme aujourd’hui le château d’Armentières.

Notice historique et statistique sur Armentières, par M. L. Benoist, Conseiller Général.

Des locaux affectés à l’école depuis 1789.

Les recherches que j’ai faites à Armentières nous ont permis de retrouver les locaux dans lesquels se tenait l’école depuis plus de cent ans. Un coup d’oeil jeté sur les photographies et les plans ci-joints permettra de rendre un compte exact de ces différents locaux des progrès successifs qui ont été réalisés pour doter la Commune d’un groupe scolaire convenable. On se demandera comment il était possible aux générations passées de respirer et vivre pendant quatre mortelles heures, non entrecoupées d’un repos, dans ces locaux privés d’air, la plupart du temps insuffisants, et où s’entassaient de 40 à 50 enfants, car si tous les enfants ne fréquentaient pas l’école, il fut un temps où Isles envoyait ses écoliers à Armentières ainsi que le témoignent plusieurs délibérations du Conseil municipal attestant d’ores et déjà les tiraillements qui ont de tout temps existé entre les deux sections depuis leur réunion en 1789, tiraillement qui n’ont fait que croître et embellir au point qu’une instance en séparation est en ce moment livrée à l’étude et à la décision de l’administration supérieure.

Délibération du 17 août 1834.

La séance étant ouverte un membre du Conseil a élevé la voix et a proposé de construire une maison d’école à Isles, vu qu’il y a un emplacement convenable et des ressources par suite d’une quantité d’ormes et de peupliers en maturité, et en outre quatre cent cinquante francs de rentes appartenant à la dite section d’Isles. 
Fait et délibéré en séance,
Ensuite est écrit :

« Nous , Maire de la Commune d’Armentières, assisté de M.M. Tarisien Augustin et Tarisien Claude,
tous deux membres du Conseil municipal de la section d’Armentières n’avons pas cru devoir prendre
part à la délibération tendant à ce que la maison d’école soit construite au hameau d’Isles ce qui nous
semble contraire au bon sens, et que M.M. Sébastien, Chapelle, Canappa G. Sébastien et Paillard
étant tous cinq du hameau d’Isles ont profité de leur majorité pour l’emporter nous nous opposons à
ce que l’école soit construite ailleurs qu’à Armentières chef lieu de la Commune. »

Signé : Farondel maire, Tarisien Félix et Tarisien Claude.

Extrait du registre.

Cette délibération n’eut pas de suite et l’école fut maintenue à Armentières ; seulement, et c’était justice, Isles obtint une école dans un local à bail.

Ce local fut occupé par l’école de 1784 à 1812, avec les maîtres Noblin, Pinson.

Il se composait de 4 pièces, une cuisine, une chambre à coucher, un cabinet noir attenant à l’école et
formant le logement du maître. prix du loyer …. 45 francs.

Cube de la classe : 52 m 976

Local occupé par le maître Pinson Nicolas de 1812 à 1828 et se composant de deux pièces, dont un
cabinet noir pour le maître. Loyer …………………….40 frs

Cube de la classe 46 m 170

Ce local fut occupé de 1828 à 1833 par les maîtres, Pinson Nicolas et Pinson Athanas. Il se composait
de trois pièces dont deux à l’usage particulier des maîtres. Prix du loyer :………..45 francs.

Cube de la classe : 43 m 500 pour quarante cinq élèves environ.

La Commune, en 1833 fut sur le point d’acheter le local ci-dessus, comme réunissant une partie des conditions de salubrité demandées. De plus se trouvait une assez vaste cour attenante à la salle d’école, mais les exigences du propriétaire ne permit pas de mettre cette idée à exécution. Elle fut donc louée au S.Farondel pendant 4 années pour le prix annuel de 60 francs et occupée par les maîtres Pinson Athanase et Charpentier Louis. Pour la première fois un jardin était joint à l’établissement. Nombre de pièces : 3, y compris l’école.

Cube de la salle de classe : 65 m 286 pour 35 élèves environ.

Cette maison servant d’école avec salle de mairie et logement de l’instituteur fut achetée en l’année 1835 à la dame Jolly moyennant un prix de 1630 F, auxquels s’adjoignit une somme de 2230 F pour frais de réparation suivant devis dressé par M.Villarosa, architecte. L’État mit en aide à la commune pour une somme de 1000 F. La salle de classe avait une capacité de 80 m cubes d’air, soit 5 m 30 de long, 6 m 05 e large et 2 m 53 de haut, offrant pour une moyenne de 35 enfants à peine un cube de 2 m 300 par enfant. L’acquisition de cet immeuble accusa un réel progrès.

Le nombre des élèves devenant de plus en plus considérable et l’école devenant trop petite, après bien des essais de modification ou d’amélioration, la maison fut vendue en 1880 au S. Robiche pour un prix de 1030 francs après que la commune eut fait construire tant à Armentières qu’à Isles, deux écoles absolument semblables pour une dépense totale de 38500 francs. l’État contribua par une subvention de 19.000 francs. C’était une grosse dépense pour une commune n’ayant point de ressources aussi fut-elle obligée de se grever pour trente ans d’une imposition extraordinaire de 74 centimes, produisant annuellement 759 F, laquelle imposition s’éteindra en 1910.
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Ecole Armentières
La commune a dépensé :

Construction de l’école d’Armentières ……………………..16 800

Préau, jardin, pompe ………………………………………………4 300

Construction à Isles , achat de terrain………………………..21 660

pompe…………………………………………………………………….300
                                                                                        ————

Total…………………………………………………………………. 43 060

sur lesquels la Commune a reçu en plusieurs fois un secours de 20 000 F

L’école actuelle fut construite sur un emplacement de la commune auquel vinrent s’adjoindre en 1886 plusieurs parcelles appartenant aux sieurs Oudard Aimable, Tarisien Armand, Tarête Léon, Dois Jules, Gérard Pierre et Beauqueine pour l’établissement d’un préau couvert, d’un jardin pour l’instituteur, d’une pompe pour les besoins de l’école et les usagés de la Commune : moyennant une dépense totale de 4 300 francs sur lesquels Armentières reçut du département un secours de 800 Fs.

Rien ne manque à cette nouvelle école pour assurer un confort convenable : école vaste et bien aérée, offrant un cube d’air de 232 m, soit 6 m.C. par enfant, et placée admirablement pour jouir d’un air pur. l’emplacement occupé par le groupe scolaire est 1443 M. superficiels dont 685 pour la salle de classe, le logement de l’instituteur , les cours et le préau. Le jardin, nouvellement créé, a une superficie de 758 m. carrés. Le logement de l’instituteur comprend : cuisine, salle à manger, trois chambres à coucher, cabinet servant d’antichambre, cave et grenier.
Le mobilier scolaire est complet et en bon état : tables à deux places, nouveau modèle, pour 40 élèves, cartes géographiques, compendium m étrique, sphère, tableau des poids et mesures, pendule oeil-de-boeuf, tableaux noirs tout autour de la salle de classe, calorifère, etc, etc. Quelle différence avec ces temps pourtant peu éloignés où le mobilier scolaire se composait de quelques bancs ajoutés à quelques tables boiteuses pour : « les grands qui écrivaient « tandis que les petits, les parias de l’école, s’entassaient sur d’autres bancs avec leur éternel syllabaire ou « Croix de Jésus » ! ( En 1843 sur 38 élèves, huit apprenaient le calcul et la grammaire, 11 lisaient et écrivaient , 19 apprenaient à lire.) Nos grands pères nous ont souvent raconté et les vieux le dirent aussi, que tous les livres de classe consistaient en de vieux parchemins jaunis par le temps que chacun était fier d’apporter et où s’escrimait toute une génération à déchiffrer le grimoire ! Aujourd’hui, la commune assure à chaque
enfant les livres de classe dont il a besoin pendant tout le temps de sa scolarité, et offre aux personnes dont la lecture est agréable une bibliothèque composée de 120 volumes, auxquels viennent s’ajouter chaque année les 40 volumes de la bibliothèque circulante du canton dont les ouvrages sont aussi nombreux que variés. Malheureusement, le goût de la lecture n’est pas très prononcé à Armentières, et à part quelques lecteurs, toujours les mêmes, la bibliothèque est peu fréquentée. le nombre de prêts pendant l’année 1888 a été de 171, dont 136 pour la bibliothèque circulante. Cela tient probablement à la population essentiellement agricole toujours fatiguée, se levant tôt et se couchant à la tombée de la nuit. Je suis sûr, qu ’en hiver, à partir de sept heures du soir, on ne trouvait pas dans Armentières dix ménages où le mari et les enfants ne fussent couchés.

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